La déconnexion s’effrite en vacances : en 2025, les salariés français sont davantage sollicités

Les chiffres sont tombés comme un avertissement estival : selon une étude menée par Factorial et OpinionWay, 66% des salariés français estiment que leur charge de travail reste identique pendant l’été. En 2023, ils n’étaient « que » 55 %. Et ce n’est qu’un début.

Car une fois en congés, l’ombre du bureau plane toujours. En 2025, 40% des salariés sont contactés pendant leurs vacances. Ils n’étaient que 32% en 2023. Chez les jeunes, le phénomène devient presque une norme : la moitié des moins de 35 ans continuent d’interagir avec leur environnement professionnel en plein mois d’août. Le droit à la déconnexion ? Une fiction pour certains, un luxe pour d’autres. Joris Parisot, Sales Manager chez Factorial, le résume ainsi : « Une vraie coupure avec le travail n’est pas un luxe, mais une nécessité pour préserver la santé mentale, la motivation et l’engagement des équipes ».

Il y a deux ans encore, le concept de « tracance » (travailler à distance depuis son lieu de vacances) faisait sourire. Aujourd’hui, 35% des salariés l’adoptent. En 2023, ils étaient 27%. Les frontières se brouillent, les alertes tombent entre deux baignades, et l’ordinateur portable glisse dans la valise au même titre que la crème solaire.

Les entreprises, conscientes du malaise, tentent de poser un cadre. 69% des salariés affirment que leur entreprise a mis en place une politique de déconnexion claire – un progrès indéniable, mais un tiers reste dans le flou organisationnel. Et le flou, en entreprise, est le meilleur allié du stress. Dans les petites structures, l’écart est encore plus net. Seuls 56% des salariés de TPE (très petites entreprises) disposent d’une politique claire, contre 73% dans les PME (petites et moyennes entreprises). Une fracture nette, qui fragilise les moins bien équipés.

Revenir au bureau n’a rien d’une promenade. En 2025, 64% des salariés admettent avoir du mal à reprendre le rythme après leurs congés. Cinq points de plus qu’en 2023. Comme si ne jamais vraiment décrocher sapait l’effet régénérant des vacances. Un paradoxe ? Plutôt un désastre lent.

D’après cette étude de Factorial, les non-cadres et les jeunes sont les plus exposés. Sans outil adapté, sans accompagnement managérial, ils subissent une pression diffuse. Toujours disponibles, jamais tranquilles. Le repos devient une performance à atteindre... et à justifier. « L’évolution entre 2023 et 2025 montre que les efforts d’organisation et de digitalisation ne suffisent pas à garantir une vraie coupure estivale. Il est urgent de renforcer la culture du droit à la déconnexion », insiste Joris Parisot.

Dans de nombreuses entreprises, la charte de déconnexion existe… mais n’est ni affichée, ni appliquée. Elle sert de vitrine, mais n’impose aucune règle aux équipes. Et encore moins aux managers. Pire : 27% des salariés considèrent que les outils de gestion des absences ne sont pas adaptés. Sans interface claire, sans consignes fermes, la charge mentale s’invite dans la valise. Le smartphone remplace le panneau « ne pas déranger ».

Alors, comment couper vraiment le lien ? Quelques pistes émergent : digitaliser les outils RH pour gérer les absences intelligemment. Former les managers à planifier l’été sans surcharge. Imposer des règles simples et visibles sur les horaires de contact. Et surtout, redonner du sens à cette période censée être une pause. Instaurer une culture du silence, en somme. Car si les vacances n’offrent plus de déconnexion, à quoi bon les prendre ?